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peut considérer comme simplement aisée, celle qui, s’élevant au-dessus des ouvriers ordinaires, occupe des appartements de 400 francs à 1,000 francs, était représentée par 86,000 ménages, formant le huitième de la population. La classe riche (ce mot est encore bien ambitieux), celle qui occupait des appartements au-dessus de 1,000 francs, ne comptait que 36,000 ménages, soit le quinzième de la population. Sur ces 36,000 il n’y en avait que 13,000 à occuper des logements de plus de 2,000 francs, et seulement 2,200 installés dans des appartements de plus de 6,000. Voilà, les résultats de la statistique de 1872 ; ils montreraient combien les très-grandes fortunes sont moindres qu’on ne le pense. Cette statistique, cependant, induirait en erreur, si on la suivait littéralement il faut y faire deux corrections pour revenir à la vraisemblance et à la vérité l’une, c’est que ces constatations furent faites en 1872, au lendemain de la guerre, alors que les loyers, surtout les grands, avaient beaucoup décru, passagèrement décru ; l’autre, c’est qu’elle a eu pour base les valeurs locatives admises pour l’impôt mobilier qui sont d’au moins 25 p. 100 et quelquefois de plus au-dessous du revenu réel.

Une très-instructive étude, publiée par M. Toussaint Loua, chef du bureau de statistique, sur les rues et les maisons de Paris, d’après les résultats du cadastre révisé, complète et redresse en partie les renseignements qui précèdent[1]. En 1878, on comptait à Paris 74,700 maisons, comprenant 1,022, 539 locaux distincts, dont 337,387 (environ le tiers) sont livrés à l’industrie ou au commerce, et 684,952 servent à l’habitation humaine. Chaque maison contenait en moyenne 27 habitants et chaque local consacré à l’habitation environ 3 individus 2.9).

Sur ces 684,952 logements il s’en trouvait 468,641 (plus des deux tiers) d’une valeur locative inférieure à 300 francs 74,360 autres étaient d’un prix de 300 à 500 francs. Voilà les deux catégories qui correspondent aux très-petits logements ; elles

  1. Journal de la Société de statistique de Paris (numéro de février 1880).