la moyenne propriété rurale que les cotes foncières se sont accrues. Le morcellement dans les campagnes a été bien moindre qu’on ne le pense[1] ; peut-être n’a-t-il pas atteint 10 p. 0/0 depuis 1815, c’est-à-dire en trois quarts de siècle. Le mode d’exploitation n’en a pas souffert la prétendue pulvérisation du sol est une chimère qui a hanté le cerveau des législateurs et des publicistes. Ce sont les villes, les banlieues des villes et des villages qui ont été le théâtre de très-nombreuses divisions de la propriété.
Pour savoir quelle est la répartition du sol français entre les grands et les petits propriétaires les documents très-précis font aussi défaut ; mais on a, quoiqu’à des époques assez éloignées, quelques bases pour des conjectures sérieuses. Nous ne sommes en possession que de deux travaux complets sur la valeur respective des diverses cotes foncières l’un date de 1842, l’autre de 1838. D’après ce dernier, sur 13, 100, 000 cotes, plus de la moitié, soit 6, 686, 000 sont imposées à moins de 5 francs, ce qui peut-être considéré comme représentant un revenu de 40 à 80 francs suivant les localités. Il ne s’agit donc ici que de propriétaires indigents, ou du moins de manœuvres, d’ouvriers, de petits bourgeois qui ne possèdent qu’une maison de village ou qu’un jardinet. C’est là, non la petite, mais l’infime propriété elle a cependant ses douceurs, son utilité morale, son importance sociale. La possession d’un coin du sol, si étroit qu’il soit, ajoute à la dignité de l’ouvrier, à l’agrément de sa vie. Sur les 6 millions et demi de cotes restantes, 2 millions sont imposées de 5 à 10 francs ce qui correspond à un revenu variant entre 40 ou 80 francs, suivant les localités, et 80 ou 160 francs ici encore le revenu de la propriété ne peut être qu’un accessoire dans les ressources de la famille 2 autres millions de cotes foncières varient entre 10 et 20 francs d’impositions,
- ↑ Dans l’Enquête de la situation de l’agriculture en France en 1879, faite par la Société nationale d’agriculture de France, la première question soumise aux correspondants de la Société concernait la « division de la propriété ». Sur 88 correspondants, 25 n’ont pas répondu à la question, 38 ont déclaré que la division de la propriété était plus grande maintenant qu’avant 1861, 21 que la situation était la même, et 4 que, loin de s’accroître, la division était moindre, c’est-à-dire que les petites propriétés se fondaient parmi les grandes.