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l’Angleterre proprement dite plus d’un million de propriétaires, il ne s’agit pas de propriétaires ruraux à proprement parler, mais de personnes qui ont quelque petit cottage ou quelque petit jardin.

Autre chose sont les parcelles, autre chose les cotes foncières, et l’on pourrait penser que ces dernières qui indiquent le nombre de propriétaires imposés dans chaque territoire de perception, correspondent assez exactement au nombre réel des propriétaires dans tout le pays. Il s’en faut de beaucoup. Le district d’une perception est en France assez restreint : il est moindre que l’étendue d’un canton et ne correspond en général qu’à sept ou huit communes. Il en résulte que sans avoir une grande fortune foncière beaucoup de personnes peuvent payer l’impôt à cinq ou six perceptions différentes. Le cas est fréquent ; il y a donc de ce chef énormément de double-emplois. L’augmentation des cotes foncières est, en grande partie et pour la même raison, factice. Depuis le commencement du siècle on a souvent divisé des territoires de perception, en en créant deux où auparavant il n’y en avait qu’une. Cette simple mesure administrative accroissait le nombre des cotes foncières en effet, tel propriétaire qui, ayant tous ses biens dans la perception primitive, ne payait qu’à un seul bureau et n’était l’objet que d’une seule cote, a pu avoir à payer à deux bureaux et recevoir deux cotes après la division de la perception en deux. De très-petits propriétaires peuvent recevoir deux cotes foncières, il suffit qu’ils aient deux parcelles de terre appartenant à différentes perceptions ou même qu’ils aient un seul petit héritage contigu mais placé à cheval sur deux communes situées dans une perception différente. Il faut donc notablement réduire le nombre des cotes foncières pour avoir celui des propriétaires et surtout celui des propriétaires ruraux. Le recensement de 1876 constatait dix millions six cent vingt mille propriétaires cultivant eux-mêmes leurs terres, plus 1,937,000 propriétaires ou rentiers vivant de leurs revenus ; ce serait ensemble un peu plus de 12 millions et demi de propriétaires. Ce mot est pris ici avec une trop grande emphase,