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rées n’a pas accru de 10 ou 15 p. 100 le fermage, parfois même il n’a pas empêché que celui-ci ne restât stationnaire ou ne baissât.

La comparaison de la progression des fermages ou de la rente du sol avec la progression du prix de la main-d’œuvre est une étude plus aisée. Ici les chiffres sont plus exacts, plus démonstratifs. En Belgique, de 1830 à 1870, d’après les statistiques et les observations de M. de Laveleye, le taux des salaires agricoles n’aurait pas autant augmenté que le taux des fermages. La plus-value du premier aurait été de 30 p. 100, et celle du second de 80 p. 100. Mais il faut se rappeler que l’accroissement du fermage est du en grande partie à l’immobilisation de nouveaux capitaux dans le sol. Il n’est pas téméraire de penser que, de 1830 à 1870, on a consacré en Belgique 1 milliard de francs en améliorations agricoles (M. de Laveleye fixe à 50 millions de francs les dépenses faites en drainage seulement) si l’on déduisait de la hausse de l’ensemble des revenus fonciers l’intérêt représentant tous ces capitaux, il est probable que le taux de l’accroissement spontané du revenu net des propriétaires serait inférieur à l’accroissement des salaires. En outre le rapport de M. de Laveleye date d’une époque (1878) où l’on ne pressentait pas encore tous les effets de la concurrence des pays neufs. Enfin, la Belgique est un pays situé dans des conditions particulières. La population y surabonde, a peu de goût pour l’émigration ; au loin les grandes villes s’y pressent ; tout ou presque tout le territoire belge n’est pour ainsi dire que la banlieue de cités manufacturières la petite culture dans les Flandres a rehaussé, comme partout, la valeur locative et la valeur vénale du sol.

Considérons la France sur laquelle nous avons des renseignements plus nombreux et qui est dans-une situation agricole moins exceptionnelle. Un fait est certain pour notre pays, c’est que les salaires des ouvriers des campagnes se sont beaucoup plus rapidement accrus que le revenu des propriétaires. Un statisticien minutieux et ingénieux, M. de Foville, a fixé