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sur ces entrefaites, des bizarres événements auxquels j’avais assisté, elle se frappa le front de son index malpropre et déclara que j’avais fumé une pipe de trop. Or, jamais je ne fume d’opium, et cette réponse fut la raison définitive pour laquelle je jetai à la porte cette vieille souillon dont je voulais me débarrasser depuis longtemps et qui venait salir mon ménage deux heures par jour. Du reste, je n’avais plus besoin de personne puisque j’allais reprendre la mer dès le lendemain.

» Je n’avais que le temps de faire mon paquet, mes courses, dire adieu à mes amis et prendre le train pour Le Havre où un nouvel engagement avec la Transatlantique allait me tenir absent de Toulon onze ou douze mois durant.

» Quand je revins au Mourillon, je n’avais parlé de mon aventure à personne, mais je n’avais pas cessé, un instant, d’y penser. La vision de la dame à la lampe m’avait poursuivi partout et les dernières paroles qu’elle avait adressées à ses amis invisibles n’avaient cessé de résonner à mes oreilles.

— « Allons ! Au revoir ! À l’année prochaine ! »

» Et je ne songeais qu’à ce rendez-vous-là. J’avais résolu, moi aussi, de m’y trouver et de découvrir coûte que coûte la clef d’un mystère qui devait intriguer, jusqu’à la folie, une honnête cer-