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seuil, avec sa lampe, quelques instants encore, jusqu’au moment où la porte du jardin s’ouvrit toute seule et se referma toute seule. Puis la porte de la villa fut fermée à son tour et je ne vis plus rien.

» Je crus que je devenais fou ou que je rêvais, car je me rendais parfaitement compte qu’il était impossible que quelqu’un traversât le jardin sans que je pusse l’apercevoir !

» J’étais encore là, planté devant ma fenêtre, incapable d’un mouvement ou d’une pensée, quand la porte de la villa s’ouvrit une seconde fois et la même radieuse créature apparut, toujours avec sa lampe, et toujours seule.

» — Chut ! dit-elle, taisez-vous tous !… Il ne faut pas réveiller le voisin d’en face… Je vais vous accompagner.

» Et, silencieuse et solitaire, elle traversa le jardin, s’arrêta à la porte sur laquelle donnait la pleine lumière de la lampe et si bien, que je vis distinctement le bouton de cette porte tourner de lui-même sans qu’aucune main se fût posée dessus. Enfin, la porte s’ouvrit