Page:Leroux - Une histoire épouvantable, paru dans l'Excelsior du 29 janvier au 3 février 1911.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Mme Gérard, je surpris des regards qui se croisaient et qui me parurent un peu goguenards.

» — Hum ! hum ! fit même le cul-de-jatte à monocle, vous êtes sans doute, monsieur, un grand ami de notre brave capitaine ?…

» Et les autres se prirent à sourire d’un air fort déplaisant. Et puis ils parlèrent tous quatre à la fois :

» — Pardon, disaient-ils, pardon !… Oh ! notre étonnement est tout naturel, monsieur, de vous trouver chez ce brave capitaine, qui avait juré, le jour de son mariage, de s’enfermer avec sa femme à la campagne et de ne plus recevoir personne… non, non, plus personne que ses amis exceptionnels !… Vous comprenez !… Quand on est cul-de-jatte au point que ce brave capitaine a bien voulu être et qu’on se marie avec une aussi belle personne… c’est tout naturel !… tout naturel !… Mais enfin, s’il a rencontré dans sa vie un homme d’honneur qui ne soit pas cul-de-jatte, tant mieux !… tant mieux !…

» Et ils répétaient : « Tant mieux !… oh ! tant mieux !… et félicitations !… »

» Dieu ! qu’ils étaient bizarres, ces gnomes… Je les regardais et ne leur parlais plus !… Il en arriva d’autres… par deux… puis par trois… et puis encore… et tous me considéraient avec surprise, inquiétude on ironie… Moi, j’étais entièrement affolé de voir tant de culs-de-jatte… car