Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
SUR MON CHEMIN

Mr J. Chamberlain ! Eh bien, moi, je l’interviewerais. All right ! À quatre heures, je prenais le train à Euston station.

Car M. Chamberlain habite Birmingham ou, du moins, les environs de cette ville importante, célèbre par sa quincaillerie. J’y parvins à une heure trop avancée dans la nuit pour que je pusse, ce jour-là, tenter quelque chose. Mais, le lendemain matin, à neuf heures, je hélai un cab.

Ici, pour l’intelligence de ce qui va suivre, je dois ouvrir une parenthèse. Il est nécessaire que vous sachiez que je me suis livré, dans ma jeunesse, à l’étude de la langue anglaise, et qu’il me reste quelques bribes de l’excellente méthode dite « Méthode Ahn ».

Je dis à mon cocher :

— To Highbury… Mr Chamberlain !

Je ne reçus point de réponse. Ce cheval, le c$b, le cocher ne remuaient plus. Ma phrase, pourtant bien simple, mon Dieu ! semblait avoir immohilisé pour toujours l’homme, l’animal et la chose. Eh quoi ! Highbury était bien cet endroit de la banlieue birminghamesque qu’habitait Mr Chamberlain, et je ne comprenais point qu’en entendant ce magique : « Chamberlain ! » mon cocher ne m’eût pas déjà emporté, dans un galop vertigineux, vers cet homme dont la réputation s’est répandue jusque dans les contrées les plus reculées de l’Afrique du sud. Je répétai par trois fois le nom du célèbre ministre, et j’allais continuer, quand le cocher m’interrompit d’un reten-