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SUR MON CHEMIN

mains des volumes, au long des échelles. On dirait que la flamme se fatigue. Elle diminue.

Voilà Leloir qui arrive et qui fait de grands gestes autour de Claretie. Claretie pleure. Un monsieur à cheveux blancs veut lui jeter un pardessus de fourrure sur les épaules, mais Claretie refuse. On jurerait qu’il va, exprès, se placer sous le jet d’eau des pompiers pour se faire mouiller. Il ne sait plus ce qu’il fait. M. Leygués se lamente à côté de lui. Son chapeau ruisselle. M. Leygues ne pleure pas ; il pleut.

Une femme court sur la place, suivie d’un homme qui veut vainement la retenir. C’est Brandès et son frère. Segond-Weber passe, les yeux noirs. Wanda de Boncza se désespère. Et puis voilà M. Maurice Soulié qui devait lire un acte, cet après-midi là.

Albert Lambert père cherche son fils. Mais, derrière une jeune femme aux cheveux roux et qui se retrousse jusqu’aux genoux en sautant les tubes gonflés d’eau, quelle est cette autre femme aux regards de folie et qui agite les mains ? Cette femme est l’image atroce du désespoir. On dit que c’est la mère de Mlle Henriot. On dit qu’elle cherche toujours sa fille, et quelqu’un ajoute qu’elle ne la trouvera point, car Mlle Henriot aurait été brûlée vive dans un couloir des loges. Non ! cela n’est pas. Une personne qui revient de chez le pharmacien a vu Mlle Henriot ; elle n’avait que quelques blessures faites à la joue par des bris de vitres. Très sombre passe Mlle Mitzy