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DERRIÈRE LE RIDEAU

traient les sourires les plus indulgents du monde et devaient débiner mon pauvre ami avec une cruauté idéale. Je les entendais.

Au-dessus, dans l’avant-scène, M. et Madame Catulle Mendès. Le poète retenait, d’une main, son front hugolien, prêt à tomber à l’orchestre. Madame Mendès, d’une glorieuse beauté d’outre-tombe, fixait immuablement la foule, du fond de ses yeux de ténèbres.

— Encore une qui n’a pas ri ; tant pis pour moi ! me dit l’auteur.

Et, toujours au premier, mais dans la loge en face, j’aperçus deux chapeaux roses et un monocle. C’était le critique de l’Écho de Paris.

Puis mon regard s’en fut à l’aventure et rencontra M. Larroumet, et je regrettai le ventre de Sarcey, dont les soubresauts étaient un sérieux pronostic. Voici encore la lavallière bleue, à petils pois blancs, de M. Faguet. Il se remue beaucoup dans son petit pet-en-l’air intransigeant et agite sa badine. Un flot de courriéristes déferle.

Un cent-gardes : Maizeroy ; Kerst, au jugement sûr ; Richard O’Monroy, qui n’en a pas raté une depuis la guerre ; les moustaches sont magnifiques, toujours aussi noires et pomponnées. Mais il n’est pas le plus beau journaliste de France : c’est Lintilhac, le chevelu.

Là-bas, potinant, un coin de belles juives, qui ne s’amusent qu’aux pièces de leurs maris. Elles sourient à Pierre Veber et à Tristan Bernard.