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SUPERSTITION

la croix. Et il fréquente les églises. M. Colombey ne me démentira point.

Et Berthelier, qui a joué les vaudevilles les plus fous au même théâtre, rendait des points à M. Colombey ; c’était un ami fidèle du R. P. Monsabré, et ce n’était point un spectacle banal que celui du P. Monsabré attendant dans son coupé la fin de la représentation des Nouveautés pour emmener Berthelier. Il n’était comparable qu’à celui de Berthelier attendant, à la sortie de Notre-Dame, dans sa voiture la fin du sermon pour emmener le P. Monsabré.

De la piété au mysticisme et du mysticisme à la superstition, il n’y a souvent qu’un pas. À la scène plus que partout ailleurs, ce pas est rapidement franchi.

Alors on tombe dans le chiffre 13. Mais, phénomène particulier, le chiffre 13, qui porte la guigne à la ville, traîne avec lui la chance au théâtre. C’est, du moins, l’avis de M. Rochard, qui soigna ses « 13 » à l’Ambigu. Il se précautionnait d’un 13 pour chaque première. Et il s’en félicitait. Sa joie fut du délire quand il parvint à faire passer Gigolette, un vendredi 13 ! L’événement combla ses vœux. Mais voici venir, pour la semaine prochaine, au Châtelet, la Poudre de Perlimpinpin. C’est M Rochard, qui nous l’exhibe. M. Rochard croit toujours au succès, cependant ; ne croirait-il plus au 13 ? Tout passe, même les fétiches.

Aux Variétés, le directeur, M. Samuel, n’a foi