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SUR MON CHEMIN

a été excellemment dit dans quatre vers que voici :


De pudiques tissus d’une pâleur de cierge
Se croisent chastement sur ses deux seins menus.
Depuis, toujours, elle a des rires ingénus.
Elle est celle qui fut immuablement vierge !…


et dont je ne vous citerai pas l’auteur, par modestie. On faisait la pièce Reichenberg, comme on fait, dans un autre genre, la pièce Bartet. La petite doyenne se repose. Mais, quand les anciens disparaissent, les jeunes, qui les remplacent, deviennent anciens tout de suite. Je veux dire qu’ils ont immédiatement leur type, d’où ils ne démordent pas. Ne fait-on pas, déjà, la pièce Yahne ? C’est peut-être même pour cela qu’elle n’est plus au Gymnase.

C’est volontairement que je ne parle pas ici de Mme Sarah Bernhardt. Encore qu’on ait souvent fait des pièces à sa taille, son génie est d’une souplesse telle qu’elle a réalisé le rêve des poètes, de Racine à Catulle Mendès et à Rostand. Elle est cette exception qui confirme la règle.

Côté des hommes. Croyez-vous que Coquelin, qu’il soit aîné ou cadet, Mounet-Suily, Guitry, ce délicieux ironiste, Brasseur, sont moins personnels que ces dames ? Les avez-vous vus quelquefois différents d’eux-mêmes ? changer leurs attitudes, leur démarche, leurs gestes, le timbre,