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SUR MON CHEMIN

fallait avoir la patience d’attendre qu’elle fût désencombrée. Il ne faut point s’étonner de trouver des encombrements dans une rue où l’on ne travaille pas. Tout le monde y veut passer ; mais on s’en tire encore, tandis qu’ici…

— Ici ?

— Nous en avons au moins pour dix bonnes minutes.

Je descendis et regardai autour de moi. Trente véhicules étaient arrêtés au coin de la rue Dauphine, des quais de Conti et des Grands-Augustins.

Il y avait de petits chantiers sur les quais et dans la rue. À la place du trottoir, je vis un grand trou, un vaste puits entouré de barrages qu’éclairaient de petites lanternes rouges.

— Prenons un autre chemin, dis-je.

— Mon bourgeois, il est préférable de ne point perdre notre place. C’est bien inutile d’aller faire la queue ailleurs.

Je dus me rendre à ces bonnes raisons.

— C’est bien, nous attendrons, mon ami, obtempérai-je.

— Vous n’êtes point mon ami, lit l’homme. Si vous étiez mon ami, vous m’auriez déjà offert de trinquer dans ce débit.

La porte en était ouverte, et le cocher qui me faisait la proposition, un peu familière, d’en franchir le seuil avait un si jovial sourire que je n’eus point la ridicule fierté de refuser.

Nous entrâmes.