Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
SUR MON CHEMIN

lointaine époque le Matin coûtait encore deux sous) banal. — Il est des journaux, le journal, — il est des fanaux, le fanal.

Quand ce fut fini, dans une tempête de bravos, M. Louis Barthou, alors ministre de l’intérieur, et M. Turrel, alors ministre des travaux publics, me firent signe qu’ils avaient quelque chose à me dire. Le ministre de l’intérieur s’exprima ainsi :

— Je regrette, monsieur, que le ministre des travaux publics m’ait devancé et qu’il revendique le plaisir de vous faire lui-même une proposition qui vous sourira.

— Tous mes compliments, jeune homme, continua M. Turrel. Vos vers sont superbes. Je m’y connais. J’en ai fait, et je sais la difficulté que l’on a parfois à trouver les rimes. Je vous nomme officier d’académie. Ça vous va ?

— J’t’écoute, m’écriai-je en moi-même, cependant que je remerciai tout haut les ministres d’avoir comblé les vœux de toute mon existence.

— Ce sera pour la prochaine promotion ! ajouta M. Turrel.

À la promotion suivante, il y avait un Louis Leroux, publiciste, qui était décoré ; sous le prétexte que je m’appelle Gaston-Louis, je reçus des félicitations du monde entier auquel j’avais, à l’avance, raconté ma bonne fortune. Je crus moi-même à mon bonheur. J’achetai du ruban et j’en mis ; je fis faire des cartes de visite. Quelques confrères me consacrèrent un instantané. J’allai