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L’ÊTRE OU NE PAS L’ÊTRE ?

On ne pouvait décemment traiter les affaires de l’Etat chez la pipelette.

Le député, avec une certaine émotion, lui avoue qu’il a donné une fausse adresse, voulant cacher l’humilité de son home, et qu’il ne vient là que pour chercher son courrier.

— Allons au Coq-d’Or, si tu veux ? fit le député dans la débine, si l’affaire ne réussit pas, tu m’auras toujours offert un bock… Ils allèrent au Coq-d’Or, prirent un bock et l’affaire ne réussit pas.

Autre histoire de ce genre et que je veux raconter dans une phrase. Ce sera l’éternel honneur de la République d’être allée chercher, un jour, pour constituer un ministère, un homme qui dut, pour payer ses fiacres de la journée, emprunter 20 francs à un ami. Il est mort pauvre.

Il en est qui, ayant expérimenté une déveine persistante, ont renoncé à attendre chez eux la fortune qui ne décide point à frapper à leur porte. Ils se font voir. On ne voit même qu’eux. Ils bourdonnent autour des journalistes parlementaires. Ils prennent des airs importants, en rencontrant ces messieurs. Ils les entreprennent dans les coins pour leur accorder quelque confidence où l’on finit par savoir « qu’ils ont décidé de consulter leur groupe ». Ces députés inquiets vous disent encore « qu’ils ont demandé à réfléchir ». À réfléchir à quoi ? Ils ne vous le disent point, mais il faudrait être une fichue bête pour ne point le deviner.