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L’ÊTRE OU NE PAS L’ÊTRE ?


Chose incroyable, il y en a qui ne veulent point l’être. Mais ceux-là l’ont été sans doute et peuvent se payer, le luxe d’attendre une occasion plus propice, un héritage ministériel moins grevé de responsabilités à encourir, une heure politique moins troublée. Moi, j’en connais beaucoup qui ne l’ont pas été et qui ne reculeraient en aucune façon, je vous le promets, devant ces responsabilités-là. J’aime cette attitude héroïque où se mêlent, en une étroite union, l’amour du portefeuille et l’amour du pays. Certes ! il y a des moments difficiles pour un ministre. Mais l’être ! Et ne pas l’être ! Et pouvoir l’être ! Ah ! joie, tristesse, délire, tumulte de l’âme, attente cruelle, doux espoir, quasi-certitude, tuyau crevé, chute profonde, torture suprême des crises ministérielles, supplice divin, digne des Cycles du Dante, celui de l’Envie !