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SUR MON CHEMIN

d’une route. Je ne m’explique pas encore comment il en reste.

C’est un spectacle, ça ! Beaucoup l’ont voulu voir et je ne saurais compter ni nommer tous ceux que la course organisée par le Matin avait attirés, dès la première heure, sur la route de Champigny. Comme on dit dans les comptes rendus des soirées bien parisiennes : l’assistance était aussi nombreuse que choisie. À ce point de vue, la matinée de Champigny valait bien, à elle seule, plusieurs soirées. Quel réveil pour les indigènes ! Jamais il ne leur a été donné de déclore les paupières au bruit de tant de teufs ! teufs ! teufs ! Et les « coins ! coins ! » des cornes ; et la trépidation des autos ; et les grelots des vulgaires pédards ! C était à croire que tous les véhicules, qui marchent tout seuls, de France et de Navarre s’étaient donné rendez-vous à la course du Matin. En toilettes matutinales, penchées aux fenêtres et n’en pouvant croire leurs yeux gonflés de sommeil, pensant peut-être continuer un rêve, ces dames de Champigny contemplaient avec un petit air d’effroi « qui leur seyait à ravir », tout ce bruit qui passait par la rue. Chose incroyable, des pêcheurs qui pêchaient ont cessé de pêcher. C’est vous dire !

Mais sortons la ville et commençons à gravir la côte qui conduit au plateau. Une belle écharpe blanche, là haut, barre la route et étale sur le ciel bleu l’annonce de la course du Matin et son contrôle. Il n’est pas sept heures et déjà la foule est