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UN HÉRITAGE

crédit nécessaire sera certainement adopté. La majorité des députés sait ce que c’est que Gustave Moreau. Je l’espère.

Ou alors qu’ils disent non. D’autres sont là, prêts à recueillir ce qu’ils ne voudront point. D’autres sont là qui guettent l’admirable proie. Monsieur Leygues, je vous assure que vous êtes coupable. Allez donc faire un tour du côté de la rue de La Rochefoucauld ; je n’ai point la prétention de vous faire découvrir Gustave Moreau ; mais, tout de même, ça vaut la peine que l’on se dérange ce qu’il y a là-bas, sur les murs. Des Anglais qui faisaient les malins, à cause de Burne Jones, s’en sont retournés de là avec un grand coup de poing, le knock out, le coup de poing qui fiche par terre, dans l’estomac, et la Belgique a supplié M. Rupp de laisser transporter l’âme de Gustave Moreau à Bruxelles pour inviter les peuples à la venir contempler, puisqu’on n’est pas encore sûr de ce qu’on va en faire, en France.

Certes, que l’État, que la Ville, que l’Institut et autres personnalités civiles, ne veuillent point du legs de Gustave Moreau, cela n’empêchera point ses tableaux, comme on dit, de « passer à la postérité ». On les retrouvera, accrochés, dans les galeries les plus riches du monde. Mais il ne faut point que cela soit. Qu’importe une Salomé dans quelque vague Luxembourg ou dans le vestibule d’un marchand de cochons de Chicago ? Ce qui fait, au contraire, la valeur tout à fait excep-