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SUR MON CHEMIN

œuvre, il la lègue à l’École des Beaux-Arts ; si celle-ci n’en sait que faire, elle ira à l’Institut, et si l’Institut refuse, l’exécuteur testamentaire, M : Rupp, prendra livraison de cela. Ami fidèle, il continuera la volonté du mort ; mais il a la barbe chenue et il redoute l’heure des successions et des partages.

Alors, l’État n’a pas répondu. Pourquoi ? Il n’en sait peut-être rien lui-même. Il a peut-être oublié qu’il doit répondre. On en est réduit à des suppositions. On a dit : « Gustave Moreau a légué un hôtel et une œuvre estimée plusieurs millions à l’État, mais il a oublié de lui laisser une somme pour l’entretien de ce musée. Ça coûterait bien douze mille francs. Le Gustave Moreau, ça n’est pas mal, mais ça ne vaut peut-être pas douze mille francs par an. » Est-ce cela ? Ce raisonnement doit être imbécile, car enfin quand on achète six cent mille francs la Vierge de Murillo, le revenu de cette somme s’en va avec les six cent mille francs, et cela n’empêche point que l’on achète. Quoi encore ? La commission consultative des beaux-arts a accepté le legs à l’unanimité. Qu’attend-on ? La bonne volonté de M. Roujon ou le zèle de M. Leygues ? Il faut tout de même que le ministre des beaux-arts prenne une résolution. Il ne peut la prendre sans une entente préalable avec le ministre des finances ? À cause de l’entretien ? Qu’ils s’entendent, mon Dieu ! Le projet de loi qu’ils déposeront sur la tribune de la Chambre pour le petit