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SUR MON CHEMIN

prononçant la fameuse phrase : « Va dire à ton maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons… », sujet d’autant plus désastreux qu’il se trouve des historiens pour prétendre que Marius n’a jamais prononcé cette phrase-là, ni l’autre non plus.

Oui, cette critique est aisée et les beaux-arts sont difficiles. Elle est surtout injuste, c. q. f.d. Je veux donc vous démontrer cette injustice, en vous apprenant que les cris d’orfraie que vous poussez, presque tous les ans, devant le résultat pictural des soixante-douze jours de loge, ne vont point à leur adresse. Sachez que vous vouez aux gémonies des élèves qui n’ont rien fait pour cela que d’écouter trop servilement les maîtres, et de reproduire le plus souvent, avec une fidélité de photographe, les élucubrations des grands manitous de l’École. La photographie n’est point de trop dans cette histoire, et vous verrez qu’elle y joue son rôle. Grâce à elle, quand on vous ouvre les portes du quai Malaquais et qu’on vous met en face des dix toiles des concurrents, il n’est pas exagéré de dire que vous assistez au concours des maîtres, beaucoup plus que des élèves.

J’entends bien que vous me dites : « Quelle est cette nouvelle chanson ? » Est-ce que ceux-ci, pendant les soixante-douze jours de loge, n’ont pas eu le temps d’oublier ceux-là ? Est-ce qu’ils ne sont point complètement isolés ? Ne les a-t-on point mis dans l’impossibilité radicale de se munir de documents quelconques, d’où qu’ils