Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
SUR MON CHEMIN

était placé par ordre alphabétique, si vous vous appeliez Durand, vous étiez sûr d’être reçu ; si vous aviez nom Tartempion, vous aviez des chances pour revenir une autre fois. En voici la raison : Au premier, on demandait : « Qu’est-ce que le mariage ? » À cet âge, on se souvient de son catéchisme, et il est peu de candidats qui n’eussent pu répondre à une question de cette simplicité. Au second, la question se faisait plus compliquée. On lui parlait du mariage putatif. Le troisième pouvait avoir à s’expliquer sur le curateur au ventre, et le quatrième devait donner son opinion dans la question de savoir si le père d’un enfant non reconnu a le droit de l’épouser.

Ce jour-là, le jour de Maire et de Bodevin, Maire s’appelait Bodevin ; il y avait donc cent bonnes raisons pour qu’il emportât toutes boules blanches. Eh bien, le croiriez-vous ? Maire a été recalé avec trois boules noires ! Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver, mon Dieu !

Il lui est arrivé, entre autres choses, qu’on a eu vent de la supercherie et, qu’hier, il passait en cour d’assises avec son complice Bodevin. Bodevin et lui ont été acquittés. Le jury ne pouvait vraiment pas envoyer au bagne, à perpétuité, un écolier qui, toutes les semaines, était au tableau d’honneur.