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LES FAUSSAIRES

montrait d’un doigt craintif et que l’on se nommait d’une lèvre timide. Je me rappelle que je n’avais pas la belle assurance de Maire, moi : je n’avais pas fait de livre dessus (sur l’assurance), et j’avais « potassé » tout juste huit jours les petits Vaquette.

Alors, cela suffisait pour être licencié. Certes, ceux qui ne sont pas licenciés, c’est qu’ils ne l’ont pas voulu, ou qu’ils ont la timidité de Bodevin, ou qu’ils avaient besoin, pour une ballade à Robinson, avec une femme du monde, des cent trente francs que le caissier de la Faculté rendait, sur les prix d’examen, aux fils de familles recalés.

Huit jours de travail ; pas plus. Et les cours étaient superflus, je vous prie de le croire. On y allait si peu que des erreurs sur la personne, comme celle que je vais vous narrer, en devenaient possibles. D’étudiant étant devenu journaliste, je fus un jour interviewer Garsonnet, nommé, depuis quelques jours, doyen de la Faculté, en remplacement de Colmet de Santerre. Celui-ci n’avait pas encore déménagé. Ayant demandé : « Monsieur le doyen », je fus introduit près de ce dernier, et, tout le temps que je fus dans son salon, je le samaléquai de « Monsieur le doyen ». Je partis, persuadé que j’avais interviewé Garsonnet. Au démenti furieux que je reçus le lendemain, je compris mon erreur. Le nouveau doyen affirmait n’avoir jamais dit de pareilles « âneries ». Parbleu ! c’était l’ancien.