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AU « BOUL’ MICH’ »

point et ne se fâchaient guère. Je sais bien qu’on peut me répliquer par ce que l’on a appelé les « troubles du quartier Latin ». Tous ceux qui ont franchi à cette époque le pont Saint-Michel, et qui ont vu brûler les omnibus, vous répondront que les étudiants n’y étaient pour rien, ce dont, du reste, il leur faut faire honneur.

Enfin, dans les dernières déambulations de ces jeunes gens par les rues, il n’y avait point grand risque à courir, puisqu’ils criaient : « Zola ! » avec quasi tout le monde, et « Vive l’armée ! » avec l’armée.

Au surplus, c’est dans ces petites manifestations que l’on retrouve encore ce sens du pratique dont je parlais tout à l’heure, cet esprit d’organisation et d’administration qui fera plus tard de l’immense majorité de ces écoliers d’excellents fonctionnaires et d’irréprochables officiers ministériels. Elles étaient toujours réglées comme papier à musique, avaient leur chef, leurs sous-chefs, leur comité et leur siège social, qui était ordinairement le café de la Source. Ils savaient mettre de l’ordre dans le désordre.

Le bruit qui m’est venu hier me prouve que cet esprit administratif n’a fait que croître et embellir et qu’ils ont poussé jusqu’au fin du fin l’art de l’organisation.

Il s’agit de la cavalcade de la mi-carême et du recrutement des petites grues qui doivent parader sur les chars. Les engagements se sont faits de la façon suivante : Ces dames viennent