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SUR MON CHEMIN

comme on dit dans Hermani, elle chasse dans les plaines et les bois et tue. Pendant ce temps, on nettoie sa maison de la ville, on recrépit ses murs, on cire ses comptoirs, on réargente la fleur de lys de saint Louis, on redore l’abeille impériale, on gratte ça et là le faisceau des licteurs. Thémis tient à ses bibelots. Les salles sont pleines de plâtres et de fards. La justice humaine est une vieille coquette.

Quelle est donc cette porte qui s’entr’ouvre là-bas ? C’est la porte d’une chambre civile. Elle a été poussée timidement et sans bruit. Allons vers ce prétoire qui ne connaît point de chômage et où des juges courageux ne craignent point de régler les conflits des hommes même au temps des vacances. Il y a des jours et des jours que je n’ai vu fonctionner un tribunal et condamner des gens. Comme disait l’autre, cela me fera bien passer une heure ou deux.

Les vacances au Palais s’appellent vacations. Cette chambre vers laquelle je me dirige est la chambre des vacations. Dans sa prévoyance admirable, la Loi, notre bonne mère, n’a point voulu nous priver entièrement de ses bienfaits, sous prétexte de bains de mer, de chasse et de petits chevaux. Elle a dit que pour les procès civils une chambre entrouvrirait sa porte, au moins trois fois par semaine. Mais la Loi n’a point fixé, sans doute, le temps que cette porte resterait entrouverte, car lorsque j’arrive devant elle elle est aussitôt refermée. Entre cette ouverture et cette