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DEVANT LA HAUTE-COUR

fet comment il s’appelle, ses profession et domicile et son âge, M. Buffet décline tout cela, de la façon la plus calme du monde. Il dit tous ses prénoms : Aimé-Joseph-Paul-André, qu’il est avocat à la cour d’appel et qu’il habite la rue du Bac, et qu’il a quarante-deux ans ; puis il s’assied, se penche vers son avocat, se redresse, s’évente avec une brochure et semble penser à autre chose.

M. de Chevilly (Marie-Robert-Hippolyte), qui est interrogé ensuite, habite la rue des Écuries d’Artois, grisonne fortement, manifeste, en se croisant les bras sur la poitrine, qu’il fait provision de patience, et considère avec attention Me Hornboslel, qui retraverse l’hémicycle et sort, le front soucieux.

M. de Fréchencourt est très ennuyé parce qu’il ne s’appelle point M. de Fréchencourt. Il s’appelle Poujot tout court et le dit tout bas, mais il ajoute très haut ses prénoms, qui sont Marie-Adrien-Raoul. C’est un aimable confrère, qui est rédacteur à la Gazette de France, et qui ne paraît point autrement marri d’être mêlé à cette histoire avec d’aussi grands personnages.

M. Godefroy se lève — Joseph-Eugène, avocat à la cour d’appel, président de la Jeunesse royaliste ; il s’excuse de cela, en bloc, la moustache maussade, se rassied et feuillette de sa main gantée des notes dont la lecture le fait bâiller.

Une voix éclate, un véritable coup de trompette :

— Je suis Jean-Baptiste-Elzéar-Marie-Charles, comte de Sabran-Pontevès.