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DEVANT LA HAUTE-COUR

C’est assez ; car ce spectacle auquel on est allé hier, je ne sais pas si vous l’irez voir demain. Ah ! la tristesse de cela ! la monotonie de ces choses et l’ennui, l’incommensurable ennui qui monte de cette salle endormie, quasi morte, sans émotion, sans passion ; l’ennui qui gagne, qui grandit, qui fait les tribunes silencieuses et somnolentes, les tribunes ternes et grises de toutes les toilettes de ces dames, grises et ternes, presque demi-deuil, comme il sied pour une aventure qui ne commença certes point en comédie, qui ne finira assurément pas en drame, et qui restera, à tout prendre, sans éclat.

Quand tout le monde fut en place, que les juges eurent gagné leurs sièges, qu’ils furent immobilisés, fatigués déjà ; quand les cinquante avocats eurent terminé la procession de leurs robes noires sur le tapis rouge de l’hémicycle, foule bruyante, encombrante, presque anonyme, inutile, si nous retenons cinq noms, — et vous verrez que je fais large la mesure du talent oratoire qui s’est assis, hier, à la place ordinaire des ministres, qui a encombré les bans des secrétaires rédacteurs et qui s’est affalé aux pupitres des sténographes — ; quand M. le procureur général Bernard et les deux avocats généraux, MM. Herbaux et Fournier se furent assis à la gauche du président, celui-ci donna l’ordre de faire entrer les accusés.

Le défilé en était attendu avec impatience. Certains espéraient quelque chose. Qui sait ?… Une