Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
LA COUR RÉVISE

terminé qu’une clameur monte vers la Cour, vers les Conseillers, qui déjà sont debout, vers les présidents, qui se retournent une dernière fois pour considérer ce peuple, qu’ils n’avaient jamais vu dans cette enceinte et qu’ils ne reverront sans doute jamais, crier : « Vive la justice !… »

« Vive la justice ! » ce cri, quelques conseillers semblent l’écouter comme une réparation qui leur est due. Qui sont donc ceux-là qui, tournés vers nous, dans une pose qui est presque de l’orgueil, reçoivent le cri en face et s’attardent à l’entendre, ce cri, monter, descendre et repartir avec plus de force aux quatre coins de la vaste salle éblouissante de dorures et radieuse de soleil ?… Les derniers magistrats que nous vîmes ainsi disparaître, là bas, tout au fond, par les portes lointaines, appartenaient, paraît-il, à cette section de la Cour de cassation, dite : Chambre criminelle.

La grand’chambre est vide, maintenant. Nous voilà dans les couloirs, dans cette galerie de Harlay qui vit tant de tumultes, et si calme aujourd’hui !… Là, sur ma gauche, je considère un petit trou noir qui conduit à un étroit escalier aboutissant à la cour d’assises. C’est de là, qu’il y a quelques mois, Zola surgit, après avoir été frappé par ses juges, entouré d’une foule vociférante, à la colère de laquelle il ne put échapper que grâce à la brutalité des gardes et au dévouement de quelques amis.