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SUR MON CHEMIN

honte de sa conduite. On lui a fait comprendre que, si la nature le poussait à porter le trouble dans les ménages, il y avait d’autres ménages que les ménages d’avocat. On lui a dit qu’il s’était conduit en méchant confrère, qu’il s’était attaqué à l’honneur du barreau, et, en conséquence, on l’a châtié d’une peine disciplinaire.

Que pensez-vous de ces gens qui réfèrent de leur cocuage au conseil de l’ordre ? Et que pensez-vous de ce conseil de l’ordre qui se charge de venger les cocus ? Car il faut appeler les choses par leur nom. Molière était de cet avis.

Ceci ne donne-t-il point la mesure de cet état d’esprit dont je parlais tout à l’heure ? Les avocats, habitués à ce que le conseil de l’ordre tranche leurs différends les plus intimes, lui abandonnent toute initiative, et nous en voyons qui s’en remettent à lui du soin de veiller sur leur honneur.

Beaucoup sont ainsi redevenus de tout petits enfants que l’on gronde et de mauvais écoliers que l’on fustige. Ils courbent l’échine sous la réprimande, le dos sous l’avertissement et tremblent que le bâtonnier ne les mette en pénitence. Et, quand ils sont au petit coin, ils se demandent tout bas quel est le bon camarade qui a pu les « cafarder ».

Parfois, quand la mesure est comble, quand on décachette leurs lettres, quand on use et quand on abuse de leur correspondance, ils se révoltent contre tant de servitude ; ils se