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SUR MON CHEMIN

mystère c’est tout, au bal de l’Opéra. Or, avec le le bal d’hier, nous revenons au mystère. Oui, oui.

Cela se voyait tout de suite, du reste, à la façon que les gens avaient de se promener. Ils ne se disaient rien, ou si peu de chose qu’on jugeait tout de suite que ce n’était pas naturel. Ils ne riaient pas. Ils ne souriaient même pas. Chacun gardait son « quant à soi ». Et puis, ces dames avaient des dominos qui les empaquetaient jusqu’au menton. Au-dessus du menton, il y avait de la dentelle, du masque, du loup, du capuchon et des tas de fanfreluches derrière lesquelles devait se trouver la tête. On était obligé de tâter quelquefois pour en être bien sûr. Donc, plus d’épaules, plus de bras nus, plus de jambes emmaillotées trop exactement dans des travestis cyniquement libertins. Plus d’étalage. Ces dames étaient aussi à l’abri sous leurs voiles que dans leurs arrière-boutiques.

Vous vous rappelez cette horreur des confetti. Ce n’est point avec les confetti qu’on pouvait faire du mystère. On passait, avec eux, son temps à se battre ; on mangeait stupidement du papier, on s’en enfonçait partout, on éternuait, on criait, on s’esclaffait. Les dames mettaient, à ce jeu, une animation extraordinaire et se débarrassaient tout de suite de ce qui pouvait gêner la liberté de leurs mouvements. Le loup ne résistait pas cinq minutes. Il n’y avait plus d’intrigue.

On a supprimé les confetti. On a bien fait. Ils