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SUR MON CHEMIN

pur, des voix de cristal firent entendre un chant. Cinq cents petites bouches entonnèrent la Wacht am Rhein. C’était l’hymne national où il est question du Rhin. Ces enfants nous criaient qu’il était à eux, le Fleuve, et qu’ils en avaient la garde !

Et ils agitaient leurs mouchoirs. Ce navire débordait d’enfants. Son pont seulement n’en était pas couvert. Son entrepont en était plein. Des mouchoirs passaient par les hublots. Et les enfants du pont et ceux de l’entrepont se renvoyaient la Wacht am Rhein. Quand ils eurent achevé l’hymne, ils chantèrent : « Deutschland ! Deutschland ! über Alles, über Alles lebe hoch ! »

Le cri de triomphe à l’Allemagne venait nous trouver tous sur le pont du Versailles, où nous nous tenions pâles et silencieux. Cela dura une heure. Ce fut long. Puis le petit navire s’éloigna, les petits enfants agitèrent une fois encore leurs petits mouchoirs avec un dernier « Deutschland ! Deutschland ! »

Nous nous dîmes pour nous consoler que, si nous n’avions pas été là, les enfants l’eussent chantée tout de même, leur Wacht am Rhein. À ce moment, trois canonnières passèrent à notre avant.

Mais quittons définitivement l’Allemagne et retournons en Russie, car la rapidité de notre course ne m’a point permis de vous entretenir des derniers événements du voyage. Je brûlerai la Suède et Stockholm, où nous fîmes escale et où nous eûmes l’honneur de recevoir à notre