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MÉSAVENTURES D’UN PAQUEBOT

les photographes, naturellement. Vous savez qu’ils ne reculent devant rien. Ils ne reculèrent point devant la forte amende qui les guettait s’ils descendaient à terre. On mit à l’eau la baleinière ; ils s’en furent sur les talus et, de là, braquèrent sur nous leurs appareils.

On se consolait déjà du retard et l’on déjeunait le plus tranquillement du monde quand une nouvelle secousse vint renverser les sauces. On monta sur le pont et l’on vit bien que le Versailles avait encore le nez dans les herbes des talus. Il reniflait longuement et trépidait de toute sa coque, mais vainement cherchait à reprendre le cours normal de son voyage. Il était midi et quart. Le Berlin tire, tire et retire. Une demi-heure après, nous étions au milieu du canal, prêts à un nouvel échouage.

À deux heures et quart, cela recommence. Puis à trois heures treize.

Le remorqueur, dégoûté, nous lâche et disparait à l’horizon. Il revient à quatre heures vingt et nous hâle si fort, si fort qu’il va chavirer. On coupe l’amarre au moment où nous sortions du talus. Immédiatement, le Versailles repique dans l’herbe, faisant sauter les pierres du bordage. Nous avons fait une route insignifiante. Il nous reste soixante-quatre kilomètres à faire sur quatre-vingt-dix-huit.

À partir de ce moment, je renonce à décrire les ziggzags fantastiques que notre malheureux bâteau traça dans ce malheureux canal, les vicissi-