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KRASNOÏÉ-SÉLO

première grande dame, s’il avait eu un costume.

Et tout le monde est d’accord pour constater l’immense succès du président auprès du peuple et de l’aristocratie.

— C’est vraiment dommage qu’il n’ait pas embrassé la croix à Saint-Isaac ! Ah ! s’il avait embrassé la croix ! Et puis que ne s’est-il agenouillé au tombeau de Pierre le Grand ? Ainsi font les visiteurs illustres quand ils viennent à Saints-Pierre-et-Paul.

Mais les potins s’interrompent. L’attention est de nouveau attirée sur le champ de manœuvres. Un cavalier s’avance à la tête du régiment de lanciers de Sa Majesté l’impératrice Alexandra Féodorovna. Le ruban bleu de Saint-André barre sa poitrine. Il caracole et brandit son sabre. Il crie un commandement, que répètent les officiers. Ce jeune homme, très pâle, à la barbe en pointe et à la moustache très noire, est le prince Louis-Napoléon, qui salue le tsar et Félix Faure. À son commandement, les lanciers se sont ébranlés. Ils prennent le galop de camp, arrivent et disparaissent.

Le président de la République française, passant en revue l’armée russe, vient de recevoir le salut du petit-neveu de Napoléon Ier, colonel des lanciers de la tsarine. Ainsi va l’histoire.

Ce fut, à la fin, les acclamations infinies de toute la promotion des jeunes officiers. « Vive la France ! Vive Félix Faure ! » L’empereur et le