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SUR MON CHEMIN

semblés par le docteur Olivier, qui conduit l’expédition au nom de la Revue générale des sciences, commerçants aisés qui s’étendent sur les rocking-chairs du transatlantique, regardant béatement la mer comme ils l’eussent fait étendus sur la grève d’Étretat. Ils ont changé de plage, mais celle-ci ambule. Ça leur portera malheur. Trois ou quatre médecins. Des jeunes gens en vacances et qui ont eu des prix et que leurs parents récompensent. D’autres jeunes gens « chic », qui n’ont certainement pas eu de prix et que leurs parents récompensent tout de même. Ils se distinguent par de magnifiques casquettes russes et le monocle. Ils sont d’un commerce agréable, quoique snobs. Peu de femmes, une dizaine. Deux sont jolies. Telle est la petite colonie qui va représenter la France non officielle à Saint-Pétersbourg.

On appareillait à dix heures du soir. Une rade d’huile. Et les voyageurs de s’écrier :

— Ah ! les transatlantiques ! ça ne remue jamais.

Appuyé au « bastingage du gaillard d’arrière », tel un héros de Jules Verne, le confrère dont je vous entretins plus haut regardait s’éloigner le Havre, la ligne des feux qui signalait, à droite, Honfleur. Puis ce fut Trouville qui s’alluma, et nous passâmes proche l’accroupissement sombre du cap de la Hève : vieux décor, vieilles falaises, vieilles histoires, antiques descriptions, cadre de mille romans, familier à tous ceux