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À TRAVERS LA CORSE

comme celles qui s’écroulèrent au son des trompettes sacrées !

Bonifacio nous ouvre les portes de l’Orient. À part cela, on y créera un poste de torpilleurs pour gêner la Maddalena.

Dans la nuit, nous avons enfin abouti à Porto-Vecchio. La rade y est fort commode, et comparable, en petit, à celle de Brest. Santamanza est définitivement sacrifié, et c’est bien à Porto-Vecchio que nous créerons un refuge, une sorte d’auberge fortifiée pour notre flotte. Il y aura une digue, bien entendu. Il y en aura même deux.

Demain matin, nous partons pour Bizerte. C’est effrayant ! La suite du ministre est exténuée ; tout le monde est malade. Ces messieurs du cabinet sont verdâtres et disparaissent des heures dans des coins. Nous abandonnons à toutes les étapes quelque malheureux qui n’en peut plus.

Quant à M. Lockroy, toujours souriant et le teint admirablement frais, il passe parmi nos misères, fumant son éternel cigare et roulant son gant blanc autour de son index.


Porto-Vecchio, 11 octobre 1898.