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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

— De soixante-quinze !… interrompit Rouletabille.

— C’est possible ! Le secret de votre affaire a été bien gardé, du moins autant qu’il pouvait l’être… Aviez-vous traité avec la maison Blin ?

— Non, monsieur, pas encore… C’est après examen des plans que j’étais en train de dresser quand la guerre a éclaté que la maison Blin et Cie devait me faire des offres fermes…

— Pouvez-vous me dire quelque chose de votre nouvelle machine ?… Vous comprenez que cela m’intéresse… En somme, vous n’êtes lié en aucune façon avec la maison Blin et c’est à un ingénieur suisse que vous parlez !

— Qui travaille pour l’Allemagne !

— Et qui correspond avec les premières maisons de machines à coudre du monde… Tout en restant ici, je puis vous faire faire une affaire magnifique ailleurs… Seulement, il faudrait que j’aie quelque idée, non point du secret de cette invention mais du rendement qu’on en peut espérer, du résultat auquel vous prétendez arriver… Enfin, je vous le répète, pouvez-vous me dire quelque chose ? »

Silence méditatif de Rouletabille.

L’autre, pour l’exciter :

« Le mécanisme des machines est assez variable, lorsqu’on passe d’un modèle à un autre, mais le principe demeure constant, et je ne pense point qu’en tout état de cause, vous puissiez apporter dans ce mécanisme déjà si perfectionné une véritable révolution !…

— Si ! répondit sèchement Rouletabille.

— Vous m’étonnez ! reprit Richter en se balançant sur son tabouret, un genou dans les mains : voyons un peu. Les fonctions générales d’une machine à coudre peuvent se définir par trois mouvements. Le premier est le mouvement par lequel l’aiguille plonge dans l’étoffe, en entraînant le fil pour fermer la boucle à travers laquelle viendra passer la navette ; le deuxième est le mouvement qui fait passer la navette ou un crochet circulaire dans la