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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

Les oreilles de Rouletabille lui sonnaient alors de furieuses cloches, non point seulement parce que cette phrase l’avait frappé douloureusement : « on dit que leur nouveau zeppelin va être bientôt prêt », mais encore parce qu’il entendait alors, tout le long de ce mur de planches que les prisonniers suivaient derrière leurs gardiens, l’écho innombrable du travail qui se faisait derrière !…

Un tumulte de moteurs et de marteaux qui donnait la sensation terrible de la hâte avec laquelle un peuple d’ouvriers précipite joyeusement et furieusement la fin d’une gigantesque besogne… Chaque coup broyait le cœur du reporter. « Aurai-je encore le temps ? » se demandait-il dans un émoi de tout son être…


XIII

ROULETABILLE TRAVAILLE

Rouletabille parvint cependant à se dominer et, résolu à ne plus s’émouvoir ni s’étonner de rien avant d’avoir triomphé, il écouta plus attentivement les explications de La Candeur, lequel, quelques minutes plus tard, lui désignait de nouveaux bâtiments : « Voilà notre usine à nous !… Tiens… tout ce que tu vois là, c’est le kommando de Richter !… »

Et puis tout à coup La Candeur fit :

« Eh ben ! mon vieux ! elle est matinale aujourd’hui !

— Qui donc ?

— Tu ne vois pas ? Là, dans la petite auto qui s’arrête devant la porte de Richter !… La fraulein, à droite, qui conduit : c’est sa fiancée, pardi !…

— Ah ! oui, Helena !… Elle est jolie