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ESSEN

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ESSEN

Essen ! Essen ! Rouletabille aperçut enfin Essen !

Depuis plus d’une heure déjà, le train qui l’amenait traversait un pays qu’il connaissait bien, mais qu’il ne reconnaissait plus !… Il se rappelait ses étonnements d’autrefois devant la prodigieuse activité de cet enfer humain. Qu’eût-il pu dire, aujourd’hui ?…

Là où il avait vu une ville, il trouvait un monde ! Le feldwebel, derrière lui, qui veillait sur lui et qui lui avait permis de mettre le nez à la portière, lui donnait des détails.

Avant la guerre, Essen avait moins de 300 000 habitantsElle en comptait aujourd’hui plus d’un million, et 120 000 de ses concitoyens travaillaient dans les usines nuit et jour… Celles-ci occupaient maintenant un minimum de 300 000 ouvriers, dont 60 000 femmes, répartis en équipes de nuit et équipes de jour.

Le feldwebel contait tout cela tout haut avec orgueil et certainement par ordre, pour « aplatir » sans doute le moral des prisonniers dont il avait la garde… mais le moral de Rouletabille était solide.

Le reporter n’a pas perdu de temps depuis le jour où, à Paris, on lui a dit : Allez !…

Il a surmonté des difficultés de tout ordre. D’abord, l’assassinat de Nourry avait été un véritable désastre pour Rouletabille.

Nourry aurait pu lui fournir cent détails précieux, le renseigner sur la vie des prisonniers à Essen et sur les conditions de leurs travaux dans les usines. Rouletabille