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L’EMBUSQUAGE

Il rentra à pied chez lui, dans son petit appartement qui donnait sur les jardins du Luxembourg.

Il travailla toute la nuit, se coucha à 5 heures, fut réveillé à 9 par Vladimir. Les deux jeunes gens restèrent enfermés jusqu’à midi. À midi, ils se séparèrent.

Rouletabille descendit de chez lui, dans son uniforme de poilu, sauta dans une auto et se fit conduire à un restaurant du quartier de l’avenue de Clichy renommé pour ses tripes à la mode de Caen.


IX

L’EMBUSQUAGE

Devant la porte, une superbe limousine d’état-major stationnait. Rouletabille jeta un coup d’œil sur cette auto magnifique, constata que le chauffeur n’était ni sur son siège, ni sur le trottoir, pénétra dans l’établissement, passa devant les fameuses chaudières fumantes, gravit un escalier, entra dans une grande salle et aperçut tout de suite, à une petite table placée contre une fenêtre donnant sur l’avenue de Clichy, un militaire de taille et de corpulence imposantes, habillé d’un bleu horizon immaculé, et dont la manche s’adornait d’un brassard avec un bel A majuscule.

Cet énorme guerrier était tellement occupé à faire passer dans son assiette le contenu des plats qui avaient été placés près de lui sur un réchaud, qu’il ne leva même pas la tête lorsque le nouveau venu vint s’emparer de la chaise vacante à sa table.

Ce ne fut que lorsque ce convive inattendu se fût carrément assis en face de son assiette qu’il daigna se préoccuper de cette présence insolite.