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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

violoneux. Ceux-ci n’avaient point d’habits rouges, et ne se disaient pas hongrois.

Il fallut boire du champagne, ce qui n’indisposait point Vladimir. On parla d’abord de « choses et d’autres ».

« Il y a longtemps que vous n’avez vu La Candeur[1] ? demanda le Slave.

— Je n’ai pas eu l’occasion de le voir depuis la guerre, répondit Rouletabille…

— Et il ne vous a pas écrit ?…

— Ma foi, je n’ai rien reçu !…

— Je vais vous dire la raison de son silence vis-à-vis de vous, Rouletabille !… La Candeur est honteux, tout simplement !… La Candeur s’est fait donner une place de tout repos dans les services d’automobile de l’arrière !… La Candeur n’est ni plus ni moins qu’un embusqué !…

— Ça, c’est dégoûtant ! exprima Rouletabille, sans sourciller…

— Absolument dégoûtant, renchérit Vladimir avec une inconscience magnifique de son cas personnel. Je n’ai pas encore eu l’occasion de lui dire ce que je pensais… mais si je le rencontre…

— Vous aurez bien raison ! fît Rouletabille. Et il ne l’aura pas volé !… »

Puis ils se turent, regardant vaguement les danses. Rouletabille était étonné que le Slave ne dansât pas, et il le lui dit :

« Mon cher, lui souffla Vladimir à l’oreille, j’ai promis à ma princesse de ne plus danser qu’avec elle !… Et elle n’est pas encore arrivée !… Toutes ces dames me boudent ! Mais je puis bien faire un sacrifice pour cette charmante femme qui quitte, du reste, Paris dans huit jours !…

— Ah ! oui ! Et où va-t-elle ?

— En Roumanie ! Mais, entre nous, elle se rend en Turquie.

— Et elle consent à se séparer de vous ?

  1. Le Château Noir.