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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

outre que le moyen est loin d’être sûr, il n’empêcherait pas les Allemands de reconstruire le même engin de façon à le mettre, cette fois, à l’abri de toute tentative de ce genre…

— Ce serait retarder pour mieux sauter ! » exprima le « Bureau de tabac », en jetant son cigare, qu’il ne fumait plus depuis longtemps.

— C’est exact ! acquiesça le « Président » en se débarrassant, lui aussi, de son bout de cigarette incendiaire… c’est exact !… il nous faudrait autre chose ! autre chose d’extraordinaire et sur quoi, néanmoins, nous puissions compter ! quelque chose qui nous débarrasse à jamais d’une menace pareille ! car, songez-y, messieurs… quand ils pourront détruire Paris, qu’est-ce que les Allemands ne pourront pas nous demander pour ne pas le détruire ?…

— Assurément !… C’est effroyable !… effroyable !… »

Le directeur de L’Époque n’avait encore rien dit depuis le départ de Nourry. Il se contentait de regarder de temps à autre du côté de l’ombre où était enfoui Rouletabille, et comme le reporter ne bougeait toujours pas, il finit par lui jeter ces mots, d’une voix impatiente :

« Eh bien ! vous !… qu’en dites-vous, Rouletabille ?

— Oui !… pourrait-on savoir ce qu’en pense monsieur Rouletabille ? demanda le « Binocle d’écaille » en se tournant brusquement vers le jeune homme… car enfin, ajouta-t-il, si nous vous avons fait venir, c’est que votre directeur nous a dit que vous connaissiez Essen !…

— Oh ! je n’ai fait qu’y passer !… J’avais risqué ce voyage pour interroger Bertha Krupp, voyage rapide et inutile, car Bertha Krupp, sur ordre de l’empereur, refusa de me recevoir !…

— Vous n’en êtes pas moins revenu avec un article qui a fait le tour du monde entier et qui est peut-être le plus amusant de tous ceux que vous avez écrits… déclara le directeur de L’Époque.

— Parfaitement ! approuva le « Bureau de tabac », je