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NOURRY

Kaniewsky, dont il a tant été parlé lors du procès des anarchistes, avaient été faits prisonniers par les Boches sur les côtes d’Angleterre dans le moment que tous trois étaient en train de procéder aux essais, en petit, d’un prodigieux engin capable de détruire une ville à une distance énorme. En même temps qu’ils enlevaient les inventeurs et les jetaient au fond d’un sous-marin, les Boches, bien renseignés, avaient également volé tous les plans, tous les papiers relatifs à l’invention.

« Les captifs, amenés à Essen, avaient été mis en demeure de construire pour le compte de l’Allemagne la torpille aérienne qu’ils avaient imaginée contre elle.

« Les Boches, en effet, ne pouvaient rien sans la bonne volonté des inventeurs, car les plans qu’ils possédaient ne donnaient que le tracé et la disposition de la machinerie générale, mais le secret principal de l’invention et certains chiffres n’étaient connus que de Fulber et de Kaniewsky et n’avaient pas été confies au papier.

« Les deux hommes avaient déclaré que l’on n’obtiendrait rien d’eux et protesté contre la violence inqualifiable qui leur était faite.

« Pour venir à bout de leur résistance, les Boches n’avaient pas hésité à martyriser la fille de Fulber, mademoiselle Nicole. Ils avaient commencé par la priver de toute nourriture. Quand le Polonais avait vu sa fiancée réduite à un état proche de la tombe, il n’avait pu résister à ce spectacle et avait promis tout ce que les autres lui demandaient, Kaniewsky avait donc livré les formules chimiques de l’explosif et le secret de la machinerie, mais en donnant, pour celle-ci, de faux chiffres. Les Boches s’étaient mis au travail tout de suite. Ils avaient reconnu l’exactitude des formules chimiques et ne doutaient point que le Polonais, auquel on avait promis également une fortune, eût dit toute la vérité !

« Fulber pardonnait à Kaniewsky d’avoir livré la formule de son explosif à air liquide, car à Essen même, on lui avait fait constater que l’Allemagne travaillait à un