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NOURRY

d’Énergie que l’ingénieur en chef des inventions avait assez récemment créé dans le grand « Pavillon des recherches ».

« Plus d’une fois, Malet m’a dit qu’à son idée ce n’était point toujours dans le but de guérir des plaies que, dans le laboratoire d’Énergie, on se livrait à certaines expériences autour du radium. Quoi qu’il en soit, c’est là que Malet eut la surprise d’apercevoir, un jour, une figure qu’il connaissait bien, celle de l’inventeur Théodore Fulber.

« Que faisait-il là ? Comment se trouvait-il prisonnier ? Voilà ce que Malet fut un certain temps à se demander, sans pouvoir trouver de réponse.

« Fulber était très surveillé. Il ne faisait que traverser le laboratoire pour s’enfermer dans un petit cabinet de travail qui lui avait été spécialement réservé ; mais, un jour, Fulber aperçut Malet et le reconnut. Il lui fit signe qu’il avait besoin de lui parler. Huit jours plus tard, je vis arriver à la cantine un Malet tout pâle et tout à fait incapable de déguiser son émotion.

« — Allons faire un tour, me souffla-t-il.

« Et il me conduisit tout doucement, sans avoir l’air de rien, jusqu’à la boulangerie Kullmann qui est située à l’extrémité nord-ouest du camp. On nous y servait clandestinement du café et des liqueurs dans l’arrière-boutique.

« La mère Kullmann nous y laissait pénétrer assez souvent, parce que nous lui payions bien ces quelques minutes de solitude.

« Elle fermait, en effet, la porte sur nous, et c’était le seul moment de la journée où nous ne voyions plus les Boches. C’était très appréciable.

« L’arrière-boutique avait une fenêtre qui donnait sur le quartier nord des usines. Depuis quelque temps, par cette fenêtre, nous voyions s’élever au-dessus du mur du chemin de ronde, un énorme bâtiment en planches, d’une longueur que nous ne pouvions apprécier, car elle