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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

après la mienne s’est fondue dans le creuset de ses coûteuses expériences. Cependant, ni ma fille ni moi ne nous sommes plaintes et ne nous plaindrons jamais. Nous aimons cet homme comme Dieu l’a fait.

— Est-ce que votre fille, madame, n’était pas fiancée à l’aide de M. Fulber ? demanda le « Président ».

— Oui, monsieur ! et cela aussi à mes yeux fut un malheur ! Je savais ce que j’avais souffert avec un inventeur et j’aurais voulu que ma fille pût jouir d’une autre existence que celle qui m’avait été faite ! Mais, tout de suite, je m’avouai vaincue. Nicole va sur ses vingt-cinq ans. Elle a beau être jolie, elle n’a pas le sou ! Enfin, elle aime son Polonais.

— Pourriez-vous nous donner quelques détails sur l’aide de Monsieur Fulber ? questionna alors le « Binocle d’écaille ». Dans les circonstances présentes, ils pourraient nous être très précieux. Nous ne voulons pas vous surprendre. La première idée qui nous est venue a été que dans l’affaire d’enlèvement et du vol des plans de la Titania, cet étranger vous avait peut-être desservis…

— Cela, monsieur le Ministre, je ne le pense pas ! répondit la vieille dame sans élever la voix… non, je ne le pense vraiment pas !… Je mettrai ma main au feu que Serge Rejitzky est incapable de nous trahir !…

— En tout cas, s’il l’avait voulu, il aurait pu le faire, n’est-ce pas ?

— Certes ! il était au courant de tous les secrets et de toutes les imaginations de mon mari auxquelles il ajoutait les siennes !

— Il n’ignorait rien du mécanisme le plus caché de la Titania ?

— Rien, monsieur !

— Même ce que votre mari avait jugé bon de ne pas dévoiler à Mr Cromer, son aide le connaissait ?

— Oui, monsieur, il savait tout !…

— Voilà qui est catégorique ! fit observer le « Binocle d’écaille ». Le Polonais sait tout, et il peut tout ! »