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CONSEIL DE CABINET SECRET

— Vous m’avouerez, mon cher ami, qu’il est tout de même incroyable que le Service ait pu égarer une pièce pareille ! fait alors entendre celui qu’on appelle « le Président ».

— Ces messieurs du Service vous répondront, répliqua le « Binocle », qu’ils en reçoivent une centaine dans le même genre tous les mois. Elles sont toutes classées, du reste. On a fini par retrouver la missive de Fulber dans la quantité de celles qui sont mises au rebut comme ayant été écrites par des fous ! »

À l’exception de Rouletabille, tous ceux qui étaient là s’exclamèrent, et le directeur de L’Époque tout particulièrement.

« Mais Fulber n’était pourtant pas le premier venu ! fit-il. Ses travaux sur les vertus curatives du radium commençaient à faire sensation quelques mois avant la guerre.

— Bah ! il ne faut rien exagérer, répliqua le « Binocle d’écaille ». Rappelons-nous que, déjà à cette époque, la science officielle traitait Fulber de poète et de rêveur ! Et puisque vous vous souvenez de la prétention qu’il avait émise, de guérir un jour, avec son radium, tous les maux de l’humanité, jugez de l’étonnement de ces messieurs des inventions en recevant une lettre dans laquelle le même inventeur affirmait avoir trouve le moyen de détruire « en cinq secs » une portion convenable de cette même humanité !… Je vous fais juge : je lis :

« À Monsieur le…, etc…, Monsieur le…, etc…, etc… J’ai l’honneur de vous faire savoir que je suis à même de mettre à la disposition du bureau des inventions les plans d’une machine infernale susceptible de détruire en quelques minutes une ville de l’importance de Berlin, et cela sans sortir de nos frontières. Veuillez me croire, monsieur le ministre, votre très dévoué serviteur.

« Théodore Fulber. »