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LE DERNIER VOYAGE DU « WESEL »

— Que la fête commence ! Va trouver le capitaine ! À table ! Et vite !…

— Le capitaine fait tout ce que je veux, dit Vladimir !… Nelpas Pacha est assez riche pour cela ! Et dès que ces messieurs auront bu, le reste ne traînera pas… le champagne est bien travaillé ! je t’assure !

— Descends-moi vite les armes !… Il faut que nous soyons maîtres du bateau dans une heure ! Offre-leur à boire à tous ! Gave-les ! Dans une demi-heure, nous offrirons de la poudre à ceux qui n’auront pas assez bu ! Et dans quelques heures, messieurs, nous serons à Arnhem !…

— Bonsoir de bonsoir ! éclata encore La Candeur qui renaissait à l’espérance, voilà une dernière aventure qui me plait… à une condition, mon vieux Vladimir… c’est qu’en même temps que tu nous descendras les armes, tu nous apportes quelques bouteilles de champagne !… j’ai une soif !…

— Non, lui répliqua Vladimir, ce champagne-là, il vaut mieux que tu n’en boives pas ! »

On n’a certainement pas oublié la dépêche publiée par tous les journaux de l’Entente et expédiée du Havre le 14 janvier 1915. Elle relatait l’évasion extraordinaire d’un certain nombre de Liégeois qui s’étaient emparés d’un bâtiment et qui étaient parvenus à s’enfuir ainsi jusqu’en Hollande. Rouletabille a raconté plus tard qu’il avait été inspiré par cette dépêche-là dans le plan qu’il avait prépare avec Vladimir, et nous, ne pouvons mieux faire que la reproduire ici textuellement :

Le Havre, 14 janvier.

On a raconté, dernièrement, l’audacieux coup des Belges qui, après avoir enivré des marins allemands, s’emparèrent de leur bateau et firent route vers la Hollande où ils arrivèrent sans encombre.

Cette prouesse vient d’être renouvelée, mais dans des conditions extraordinaires d’audace. Elle a permis à cent