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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

en aurait fait part immédiatement à son faux pacha Vladimir avec qui on la sait du dernier bien !… C’était mettre beaucoup de monde dans la confidence, et c’était aussi, pour peu que l’on donnât des doutes sur la personnalité de Nicole aux invités de l’Essener-Hof, aller à l’encontre des désirs de l’Empereur qui avait tenu justement à ce qu’on leur montrât la fille de M. Fulber en chair et en os et bien portante… Je concluai donc de tout ceci que l’invitation de la princesse Botosani était un argument sérieux en faveur de la véritable Nicole à qui je venais de parler !… Cependant quand Vladimir eut ajouté que cette invitation avait été annulée par la nécessité où l’on mettait la princesse de ne point se rendre à cette invitation, tous mes doutes revinrent à nouveau, plus pressants que jamais ! Je pus croire et, dans tous les cas, je pus craindre que nous avions été tous joués !… Et je résolus d’agir comme si nous étions acculés à une situation désespérée. C’est alors que je confiai en grand secret à Vladimir l’alternative dans laquelle, désormais, nous nous débattions. Il était libre, lui !… Il pouvait agir !… et je lui dictai les gestes de son action… Il devait se rendre à l’hôpital de la villa Hœgel et s’assurer par lui-même de ce qu’il en était. C’était un mercredi que la malade avait été amenée à l’hôpital. Elle y avait été soignée par la princesse. C’étaient là de précieuses indications. Vladimir reçut l’ordre d’entrer, coûte que coûte, en communication avec la malade, et si celle-ci se trouvait encore à l’hôpital, d’user des moyens dont il disposait et de l’auto et des papiers de la princesse Botosani pour conduire la malade à la frontière hollandaise et l’y mettre en sûreté avant de revenir à bord du Wesel où sa place était retenue à l’avance… Messieurs ! Messieurs !… Vladimir est à bord du Wesel… Il veille sur nous et sur notre entreprise, et on pourra le voir apparaître d’un moment à l’autre !… Vous voyez que rien n’est encore perdu !… c’est lui qui nous fixera… Tant qu’il n’aura pas parlé, nous n’avons à désespérer de rien !… »