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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

« Mon Dieu ! nous ne saurons donc jamais !…

— Si !… bientôt nous allons savoir !… c’est moi qui vous le dis ! croyez-moi ! fit encore Rouletabille.

— Quand ?

— Bientôt.

— Quand ?

— Bientôt. Peut-être dans une heure ! peut-être tout de suite !

— Tout de suite ! tout de suite ! je ne peux plus attendre, lança le Polonais.

— Ni moi non plus, gémit le malheureux Fulber… et il remplit la cale de son sanglot…

— Silence ! commanda Rouletabille… Écoutez donc !… Vous n’avez pas entendu des pas ?… Si vous continuez à gémir de la sorte, vous allez faire venir tout l’équipage !… et ce n’est pas l’équipage que j’attends !…

— Qui attendez-vous ? pleura Fulber.

— J’attends celui qui nous dira la vérité !… car il faut espérer encore dans la vérité !… Écoutez-moi encore, car je ne vous ai pas tout appris !… Elle est peut-être morte ! elle est morte ! voilà ce qu’il faut se dire d’abord, voilà ce que je vous ai dit d’abord !… car enfin, elle peut être morte ! Elle l’est ! dites-vous cela ! et maudissez-moi !… Et maintenant, espérez un miracle, parce que… parce que je l’attends, ce miracle-là !… j’ai cru tout à l’heure l’entendre marcher !… Sachez que j’avais dans Essen un complice… le soi-disant représentant des intérêts turcs…

— Vladimir ! Vladimir ! soupira La Candeur, où est Vladimir ?

— C’est lui que j’attends… Il a pris passage à bord !… et j’ai vu Vladimir à l’Essener-Hof, au déjeuner des fiançailles !… Je lui ai donné une mission… L’a-t-il accomplie ?… Tout est là… tout est là !… Quand je me suis aperçu, ou quand j’ai cru m’apercevoir au déjeuner de fiançailles, que Nicole n’était pas Nicole… le souvenir aigu de certaines paroles entendues, certaine nuit, me revint à