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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

Le reporter examina brusquement son état d’âme.

« Patron, vous me faites peur !

— Ça n’est pourtant pas le moment d’avoir peur de quelqu’un ou de quelque chose, mon ami, et lorsque je vous aurai dit pourquoi on vous a fait venir, vous serez tout à fait de mon avis !…

— Vous allez donc me demander une chose bien terrible ?…

— Oui !…

— Parlez, monsieur ! je vous écoute. »


À ce moment, la sonnerie du téléphone se fit entendre et le directeur décrocha l’appareil placé sur son bureau.

« Allô ! allô… Ah ! très bien ! c’est vous, mon cher ministre ?… Oui !… Il est là !… en bonne santé, parfaitement ! Non ! je ne lui ai encore rien dit !… Il sait seulement qu’il a quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent de ne pas revenir de sa mission, voilà tout !… Qu’est-ce qu’il dit ?… Mais rien !… Bien sûr qu’il accepte !… Si je crois toujours ?… Mais bien sûr que je crois !… Il n’y a que lui qui puisse nous tirer de là !… Allô ! allô ! c’est toujours entendu pour ce soir ?… Bien ! bien !… Hein ? Cromer est arrivé de Londres ? Eh bien, qu’est-ce qu’il dit ? Allô !… Hein !… Effrayant !… Bien !… bien !… parfait !… oui, cela vaut mieux ainsi !… À ce soir ! »

Le directeur raccrocha l’appareil :

« Vous avez entendu, nous avons parlé de vous !…

— Avec quel ministre ? demanda Rouletabille.

— Vous le saurez ce soir, car nous avons rendez-vous avec lui, à 10 heures et demie…

— Où ?…

— Au ministère de l’intérieur, où se réuniront également certains autres grands personnages…

« Ah ! çà, mais c’est un vrai conseil de cabinet ?…

— Oui, Rouletabille, oui, un conseil de cabinet, mais un conseil si secret qu’il doit rester ignoré de tous ceux qui n’y auront pas pris part ; un conseil où vous appren-