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LE DÉJEUNER DES FIANÇAILLES

Il ne faut pas oublier non plus qu’ils continuaient d’avoir à leur disposition les objets les plus utiles : pics, pioches, haches, cordes et échelles de corde dont ils surent faire, les nuits qui suivirent, tout l’usage nécessaire.

Maintenant, Rouletabille communiquait comme il voulait avec Fulber, avec Nicole, avec Serge, et il avait une correspondance suivie avec Vladimir.

Enfin, pour couronner tous ces beaux résultats, il avait eu la chance d’être invité au fameux déjeuner de fiançailles, et qu’on ne s’y trompe point, cette chance était dans l’ordre des choses. Il était plaisant, pour l’autorité supérieure, de montrer aux invités de von Berg, en même temps que la fille de l’inventeur Fulber, un ingénieur français (car les Boches n’avaient pas hésité à décorer le Français Talmar du titre d’ingénieur) associé à un ingénieur suisse, dans l’usine Krupp même, et travaillant sans entrave, suivant des contrats librement consentis.

Deux jours avant le déjeuner à l’Essener-Hof, Rouletabille, qui traçait, dans son petit bureau, le profil d’un nouveau levier, en prenant soin d’établir les différences et mesures qui distinguaient ce levier d’un autre levier ancien modèle qu’il avait déposé sur une tablette devant lui, vit descendre d’auto Helena et Nicole.

Aussitôt, il se cacha dans son armoire et attendit.

Richter et Helena laissèrent Nicole dans la salle de dessin pour monter au premier étage saluer la vieille mère Richter, toujours impotente.

Rouletabille, décidé à profiter de cette heureuse solitude dans laquelle on laissait la fille de Fulber (le majordome-gardien était resté comme toujours dans le vestibule), sortit de sa cachette, et s’en vint prudemment mettre un œil au trou de la serrure.

Il s’étonna d’abord que Nicole, qui devait cependant être aussi désireuse que lui de renouer leur conversation, ne tournât même pas la tête vers ce cabinet où elle savait que l’on travaillait pour elle !…

Elle se tenait avec indifférence devant une planche à