Page:Leroux - Rouletabille chez Krupp, 1944.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
ROULETABILLE CHEZ KRUPP

Quelques invites même reculèrent.

C’est qu’aux carreaux de la porte était venue subitement se coller une figure étrange et fantastique : des yeux de feu, une bouche grimaçante, un front vaste, tourmenté, creusé de rides profondes, encadré par une chevelure dont les mèches blanchies s’entremêlaient et se tordaient comme sur une tête de Gorgone… et, toute cette physionomie, que semblait agiter la plus sombre fureur, flamboyait dans la lumière rouge du laboratoire et apparaissait, sublime comme le génie et terrible comme la folie !…

L’Empereur lui-même, à cette apparition, avait fait un pas en arrière… La figure farouche, tournée vers lui, le brûlait de son affreux regard…

Alors, l’Empereur, comme pour railler, lui-même, le mouvement instinctif qui l’avait fait reculer, dit à voix haute :

« Monsieur Théodore Fulber n’aime décidément pas qu’on le dérange dans son travail ! »

Aussitôt, des cris insensés éclatèrent derrière la vitre : « Assassin ! Assassin ! Assassin ! »


XVII

LE PLUS GRAND CHANTAGE DU MONDE

Chose singulière, devant ces clameurs, le monarque d’Essen ne se troubla ni ne manifesta de colère.

Il désigna d’un doigt impérieux la porte derrière laquelle Fulber continuait de se démener et de hurler, et Hans ouvrit cette porte. Aussitôt Fulber se rua et puis s’arrêta brusquement sur ses jambes flageolantes… Ainsi, la bête fauve sort en bondissant de sa cage pour entrer